Sion : Retour sur la manifestation du 1er novembre en soutien au peuple palestinien
La ville de Sion, soutenue par l'Etat du Valais, avait choisi de ne pas autoriser la manifestation, malgré les démarches entreprises et les garanties apportées par le collectif. Nous rappelons que le droit de manifester est un droit fondamental, inscrit dans la Constitution, le droit international et la jurisprudence suisse. Ce n'est donc pas la manifestation qui était illégale, comme on l'entend souvent, mais la décision des autorités qui bafoue la liberté d'expression.
Refus d'autorisation : des arguments fallacieux
La municipalité a motivé son refus par l'impossibilité de mobiliser les moyens nécessaires à la sécurisation de la manifestation.
Or, tout le monde aura pu constater le 1er novembre qu'un très grand dispositif policier était déployé. La place de la gare était encerclée. Il y avait des fourgons de police dans les rues adjacentes. Cela suffit à montrer que l'argument de la ville était mensonger. Le conseiller d'Etat en charge de la sécurité, Stéphane Ganzer, l'a lui-même reconnu involontairement dans l'interview qu'il a donnée à la RTS le soir de la manifestation : “La police a veillé à ce que cette interdiction soit maintenue. (...) Les événements survenus il y a quelques semaines du côté de Berne ont servi à affiner la tactique d'aujourd'hui.” Tout est donc question de volonté politique : les moyens existent, mais la ville et le canton ont préféré les mettre au service de la répression plutôt que de la démocratie.
Durant deux mois, les autorités se sont obstinées à refuser tout dialogue avec nous. Mais après la manifestation qui fut un succès, le ministre a affirmé, pour faire bonne figure à la télévision, que la manifestation était en partie légitime. Cela n'aura trompé personne. Comme nous le relevions sur instagram le 3 novembre :
“M. Ganzer commence par menacer les organisateurs de poursuites pénales pour avoir maintenu une manifestation pacifique, avant de se féliciter que les manifestants aient pu exprimer leurs revendications légitimes. Se glorifier d'avoir permis la parole citoyenne après avoir tout tenté pour la faire taire, en brandissant la menace d'amendes de plusieurs dizaines de milliers de francs, résume à merveille la duplicité et l'hypocrisie de la politique actuelle du gouvernement valaisan.”
Un autre argument pour ne pas autoriser la manifestation était que la ville avait préalablement refusé d'autoriser un rassemblement pro-sioniste. Cela revient à symétriser le soutien à un Etat génocidaire et celui témoigné au peuple opprimé par ce même Etat, alors que les autorités suisses ont l'obligation légale de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour empêcher la perpétration du génocide.
Dernières intimidations de la police et de l'extrême-droite avant la manif
Non seulement les autorités suisses et valaisannes ne font rien pour empêcher le génocide, mais la ville de Sion et la police ne cachent même plus leur mépris pour la cause palestinienne : Le 14 juin lors d'une marche féministe et le 11 octobre lors d'une manifestation syndicale, la police a fait pression pour qu'il n'y ait pas de keffiehs et de drapeaux palestiniens, et a menacé de stopper la manifestation si c'était le cas. Ce sont des méthodes dictatoriales et racistes. Elles s'inscrivent dans un climat politique où la solidarité avec la Palestine tend à être criminalisée, et où les autorités cherchent à museler l'expression populaire de soutien au peuple palestinien.
La veille de la manifestation du 1er novembre, alors que nous avions insisté sur le fait que nous appelions à un événement pacifique et familial, la police régionale est passée dans des commerces sédunois pour leur faire croire que les manifestant.e.x.s allaient tout casser.
La veille également, un influenceur d'extrême-droite français vivant à Monthey a publié sur instagram un appel à une contre-manifestation, relayé par des groupes locaux. Il s'agit de “Colin Walks”, de son vrai nom Colin Aveline.
1er novembre : arrivée et préparatifs
Pour nous, le but est de nous diriger vers la gare en évitant ces fachos qui ont appelé à s'y rassembler à 13h, soit une heure avant celle annoncée pour notre rassemblement. Nous nous retrouvons avec notre service d'ordre en amont de la gare, au square. Nous parvenons d'abord à éviter les flics, puis à la gare ils contrôlent nos identités et fouillent nos sacs. Nous leur expliquons que si nous avons des masques à gaz et un kit de premier secours, c'est pour nous protéger de leur violence.
Un camarade du service d'ordre se fait arrêter avant d'arriver à la gare et est interdit de périmètre. Il n'a donc pas pu nous rejoindre.
En arrivant à la gare, nous allons chercher la team des street medic.
Devant l'entrée de la gare, il y a d'abord un groupe de 5 ou 6 fascistes qui tournent et beuglent des choses incompréhensibles pour nous, en allemand. A son arrivée, Colin Walks se fait traiter de “raciste” par un ultra parmi les supporters qui partent prendre le train pour un match du FC Sion à Thoune. On le voit arriver vers nous, au ralenti, comme pour s'assurer que la police l'arrête avant qu'il ne se mette en contact avec nous. Il a droit à une rangée de quatre flics rien que pour lui. Plus tard, après avoir fait mine d'essayer de nous approcher, il partira de la gare escorté par la police. D'après une vidéo sur son compte instagram, la police lui aurait expliqué que sa présence compliquait les choses et qu'il serait bien de partir. Son départ se fera dans la joie, sous les huées des manifestant.e.x.s et militant.e.x.s qui lancent : “Valais, valais, anti-fasciste !”. Et au mégaphone : “En valais, les fachos on les écrase !”. Il faut savoir aussi que Colin Walks, sur son compte instagram, a affiché deux manifestants propalestiniens, en publiant leurs noms, leurs photos et leurs comptes insta, ainsi qu'un mineur, mais sans le nommer. C'est aussi une des raisons pour lesquelles certain.e.x.s d'entre nous masquent leurs visages en manif et se munissent de spray au poivre pour se défendre.
Colin walks away
A proximité de ce groupe, nous voyons une personne s'en prendre notamment à une policière. Le communiqué de police, diffusé en début de soirée, affirmera ceci : “Une manifestante a, notamment, mordu une policière”. Ce récit sera repris dans presque tous les médias, en particulier dans le journal télévisé de 19h30 de la RTS où on peut entendre le conseiller d'Etat Stéphane Ganzer répéter ces sottises en y ajoutant une couche de grotesque et de pathos : “Je signale qu'il y a une seule personne blessée à ce jour, c'est une policière, une malheureuse policière mordue par une manifestante, ce qui donne aussi le ton du côté pacifique de certaines personnes qui se rendent à Sion aujourd'hui.” Plus le mensonge est gros, mieux il passe. Nous avons très bien vu cette scène de la “morsure”. Il s'agit d'une personne qui n'a strictement rien à voir avec les manifestant.e.x.s, et l'animosité qu'elle a certes manifestée ce jour-là envers nous n'était visiblement pas à mettre sur le compte d'une posture politique d'extrême-droite. Cela peut être aisément prouvé, car elle est connue des services de police. La police a donc choisi d'instrumentaliser cette personne, alors qu'elle savait très bien à qui elle avait à faire, en construisant publiquement un mensonge abject sur son dos, pour tenter de criminaliser notre collectif et le soutien à la Palestine. Nous demandons à M. Ganzer de présenter ses excuses pour avoir colporté et amplifié de tels ragots aux dépens des manifestant.e.x.s et de la personne concernée.
Rassemblement sur la place de la gare
Notre rassemblement commence à 14h, avec une mixité qui fait chaud au cœur : des enfants, des parents, grand-parents et adolescent.e.x.s sont au rendez-vous. Nous sommes plusieurs centaines de personnes présentes. Après une première prise de parole du collectif Valais Palestine, on enchaîne les slogans au rythme des tambours.
Pendant ce temps, certain.e.x.s d'entre nous discutent avec la police, tentative de la dernière chance pour négocier la possibilité de marcher sur l'Avenue de la gare comme annoncé, jusqu'à la place de la Planta qui est notre objectif final, pour y faire les prises de paroles prévues. En vain : les agents se bornent à respecter les ordres du commandant de la police cantonale.
La police a donc décidé de bloquer la foule à proximité de la gare, pour qu'elle ne puisse défiler selon le programme pourtant connu de longue date de la ville et du canton. Beaucoup de manifestant.e.x.s sont choqué.e.x.s et ne comprennent pas cette attitude des autorités.
Nous constatons que la police a fait venir de Genève un tonne-pompe (camion avec canon à eau) qui nous attendait 100m plus haut sur l'Avenue de la Gare. Ce dispositif est clairement disproportionné face aux manifestant.e.x.s et militant.e.x.s pacifiques présent.e.x.s. Sur place, nous prenons vite conscience que c'est une technique d'intimidation pour nous faire fuir, mais leur intimidation n'a aucun effet sur nous. Nous sommes déterminé.e.x.s à faire notre manifestation.
Contraint.e.x.s par le dispositif policier, nous appelons au mégaphone à rester sur place pour y poursuivre notre programme : slogans et prises de parole. Nous lisons les témoignages d'Hadil et d'Hicham qui nous ont été envoyés. Le professeur Joseph Daher prend la parole, puis c'est le tour d'une femme libanaise. Chacun.e a dénoncé l'Etat d'apartheid et le génocide toujours en cours contre les Palestiniens. Le tout accompagné de nos voix, de nos mains, de nos tambours, dans la joie et la bonne humeur, en entonnant l'air de “A bas l'Etat policier”.
Si l'influenceur Colin Walk a quitté les lieux, les fascistes ont continué leurs provocations. L'un d'eux a notamment exécuté fièrement un salut Nazi à de multiples reprises en bordure du rassemblement.
Vers 16h30, nous rendons un hommage aux enfants palestiniens victimes du génocide, en disposant au sol des bougies pour former un cœur devant la banderole de tête sur laquelle il est écrit “Résistance antisioniste”. Chaque bougie porte le nom d'un enfant tué à Gaza ainsi que son âge, pour certains quelques mois seulement. Cet hommage est d'autant plus symbolique en ce week-end de la Toussaint, à la veille du “Jour des morts”.
Formation, répression et dispersion d'un cortège spontané
Vers 16h45, un mouvement de foule s'amorce en direction de la rubalise qui bloque l'accès à l'Avenue de la gare. Certaine.x.s personnes en ont manifestement assez d'être contenues comme des animaux et ont envie de bouger. Sous le slogan “tout le monde déteste la police”, la banderole de tête arrive devant la rubalise. Suivent les tambours et une bonne centaine de personnes, qui restent là quelques minutes dans une ambiance bon enfant : les gens chantent, dansent puis se mettent à avancer et franchissent la rubalise qui n'était “gardée” que par trois ou quatre policiers municipaux qui s'écartent immédiatement pour laisser passer ce cortège improvisé.
Le cortège s'apprête à monter l'avenue de la gare
Il est alors 17h lorsque le cortège, après avoir marché à peine 100m sur l'Avenue de la Gare, se retrouve nez à nez avec les agents “anti-émeute” de la police cantonale : Boucliers, casques et tonfas, face à quelques masques sanitaires, vestes de pluie et lunettes de plongée portés par des manifestant.e.x.s et militant.e.x.s pacifiques qui se préparent à éventuellement recevoir du spray au poivre, des jets d'eau ou du gaz lacrymogène.. Le tonne-pompe est 100m plus haut. Les gens s'asseyent un moment, lancent des slogans, chantent. Il y a là une petite centaine de manifestant.e.x.s, nombre dérisoire face à l'important dispositif répressif déployé par la police. Un agent lance au mégaphone : “Mesdames messieurs vous êtes infiltrés par des black blocs, notamment sur l'arrière. Nous vous demandons une dernière fois de vous disperser.” Il reçoit pour réponse des huées et des rires : “On s'en fout !”. Personne ne semble assez dupe pour croire que le danger viendrait d'ailleurs que de la police elle-même, alors qu'hormis sa présence, le calme était de mise.
Plusieurs policiers tirent vers eux la banderole de tête, alors qu'un manifestant d'une trentaine d'années la tenait fermement. Celui-ci trébuche et tombe, puis le policier le frappe au sol avec son pied et avec sa matraque. L'homme a le nez en sang. Les street medics interviennent rapidement et prodiguent les premiers soins sur place dans la foule inquiète, toujours face à la police menaçante. La banderole de tête ayant été volée par les flics, une autre la remplace et ouvre la voie au cortège qui décide de redescendre tranquillement en direction de la gare, c'est-à-dire là où la police l'a contraint à retourner, pour dissoudre le cortège en sécurité. Toutes les autres rues sont bouclées par des agents anti-émeute. Cette deuxième banderole sera elle aussi volée par les flics.
A 17h30 environ, le cortège s'est dispersé et le cordon de police continue de repousser quelques manifestant.e.x.s en direction de la gare. Au carrefour, l'homme qui s'est fait frapper auparavant se fait attraper subitement par plusieurs policiers, sans raison apparente et alors qu'il était parfaitement calme. La police annonce : “Restez tranquilles, nous procédons à un simple contrôle d'identité.” Le manifestant sera emmené au poste et relâché plus tard dans la soirée. Le but de l'arrestation était-il, comme il est d'usage dans la police, de l'inculper afin de faire passer l'agressé pour l'agresseur ? Le fait est que dans le communiqué de police, repris par les médias, il est écrit que “personne n'a été blessé” parmi les manifestant.e.x.s, ce qui est un mensonge. Sa blessure n'a pas pu échapper à la police qui l'a conduit au poste, et est documentée par le rapport des street medics ainsi que par un rapport médical qui conclura à une fracture du nez sans complications.
Un autre manifestant, en cherchant à venir en aide au précédent, pousse le policier qui l'attrapait. Lui-même et le policier tombent alors à terre, et tandis qu'il est au sol, d'autres policiers lui donnent des coups de pied jusqu'à ce que des manifestant.e.x.s interviennent pour les calmer et réussissent à retirer leur camarade de la situation. Dans ce cas heureusement, l'intervention des street medics s'est soldée par la simple pose d'un pansement. Cette deuxième victime de violences policières gratuites s'en tirera avec une coupure et des hématomes.
Fin de la manifestation, mais pas du combat
A 18h30, la plupart des manifestant.e.x.s et militant.e.x.s ont quitté les lieux. Les flics ne voulaient pas laisser sortir les mineurs de la zone de la gare. Ils ont contrôlé systématiquement les mineurs racisés qui se trouvaient dans la zone et photographié certains d'entre eux sans leur consentement.
Après un échange avec les agents qui dirigeaient l'opération policière, nous avons le sentiment qu'ils réalisent l'absurdité et la disproportion du dispositif mis en place, et qu'ils comprennent parfaitement que laisser la manifestation suivre le cours prévu aurait été une bien meilleure stratégie. Manifestement, les ordres viennent d'en haut et le duo Christian Varone - Stéphane Ganzer souhaitait faire une démonstration de force pour l'exemple.
Au lieu de garantir le droit de réunion, la Ville de Sion a choisi de prendre parti pour l'oppresseur, en réprimant celles et ceux qui défendent la justice, la dignité et le droit international.
Nous déplorons et condamnons l'attitude agressive de la police cantonale valaisanne ainsi que des autorités ayant donné l'ordre de réprimer la manifestation par la force en bafouant un droit fondamental en Suisse. Il s'agit ici d'un recul de la démocratie dans notre pays.
Le communiqué de la police cantonale fait état de 34 contrôles d'identité, 4 dénonciations pénales et 8 interdictions de périmètre pour détention de “matériel hostile ou dangereux” tel que “des chaînes, cagoules, gants renforcés, bâtons, masques à gaz, couteaux, spray au poivre, etc.” Ce qu'il omet de préciser, c'est que deux parmi les huit individus susmentionnés étaient des militants d'extrême-droite. Pour les cas que nous avons pu documenter, il s'agit d'interpellations arbitraires : Le simple couteau suisse qui a été saisi ne saurait bien évidemment constituer une preuve d'hostilité ou de dangerosité de la personne qui le détenait. Une chaîne de vélo ne saurait constituer une arme, mais pourrait par exemple appartenir à un.e cycliste. Il y en avait plusieurs, dont celui qui tirait le sound system. De nombreux bâtons circulaient dans la manifestation pour y attacher des drapeaux palestiniens. Quant aux masques et spray au poivre, ils sont autorisés lorsqu'il s'agit de protéger sa sécurité. Il ne semble même pas venir à l'esprit de la police, des politiciens et des médias que la détention d'un tel matériel pourrait être légitime. Dans un post instagram du 3 novembre, nous relevions ceci :
“En l'occurrence, des militants d'extrême-droite ont publié des photos de manifestants et affiché leur identités sur leur réseaux, de même les organisations qui font l'apologie de l'état genocidaire tiennent à jour des bases de données comme publié par @lecourrier.ch et les autorités avaient annoncé publiquement leur volonté de réprimer la manifestation. A cela s'ajoutent les multiples messages haineux et menaces reçus sur les réseaux sociaux. Nous considérons donc qu'il est légitime de se protéger et que la possession d'un spray au poivre ou le port d'un masque ne saurait être reproché alors que la police a laissé des groupes de militants d'extrême droite patrouiller dans la gare et à elle même protégé les personnes qui faisaient des saluts nazis.”
Le même communiqué indique qu'“aucune déprédation n'est à déplorer”. La police s'attribue aussitôt le mérite de cette absence de dégâts matériels : “La chaîne de police a permis de contenir le mouvement et d'éviter tout débordement.” Ce récit sans aucun fondement a été repris par les autorités et les médias, et a pris une teneur encore plus imaginative dans le journal de 19h30 de la RTS où nous avons pu entendre ceci : “La manifestation propalestinienne non autorisée à Sion aurait pu dégénérer il y a quelques heures, mais la police a déployé un maximum de ses forces pour contenir quelque 300 manifestants”.
Pour bien comprendre jusqu'où la rédaction de la RTS est prête à aller dans la manipulation de l'information, il faut voir la déformation qui a été faite des propos d'un manifestant qui explique au mégaphone que la veille, la police a fait le tour des commerces pour leur dire “attention : les manifestants viennent casser la ville”, ajoutant immédiatement : “Nous ne sommes pas venus casser la ville.” Afin de construire un récit qui colle à celui de la police, la RTS a tout bonnement coupé la première partie de la phrase qui attribue à la police l'énoncé “les manifestants viennent casser la ville”, pour en changer le locuteur qui devient ainsi le manifestant lui-même : “Les manifestants viennent casser la ville. Nous ne sommes pas venus casser la ville.” Le montage a donc transformé un propos sans équivoque en une prise de parole contradictoire et ambigue, avec pour effet de laisser planer le doute sur les intentions réelles des manifestant.e.x.s et de les scinder en deux groupes, l'un légitime, l'autre constitué de “casseurs”, ce qui est exactement la stratégie de la police. Un procédé d'une telle malhonnêteté déshonore la profession journalistique, ce qui est d'autant plus regrettable que l'équipe de tournage sur place a fait un bon travail de recueil de témoignages.
Le Nouvelliste, quant à lui, va jusqu'à affirmer que ce sont les manifestant.e.x.s qui ont “provoqué” la police, comme si des slogans anti-flics étaient plus provocateurs que des matraques et un canon à eau.
N'oublions jamais que dans cette situation, la première violence est le génocide du peuple palestinien que nous dénonçons, que la deuxième est la négation des droits démocratiques par les autorités et l'appareil répressif, et que quelques slogans en réponse à ces violences ne sauraient être mis à un niveau comparable.
Pour notre part, nous affirmons que s'il n'y a pas eu de “débordements”, ce n'est certainement pas grâce aux flics, mais grâce aux manifestant.e.x.s et militant.e.x.s qui sont resté.e.x.s calmes et n'ont pas répondu à la provocation policière. Les interpellations et les saisies d'objets n'ont d'autre but que de monter un dossier à charge contre les manifestant.e.x.s pour justifier - symboliquement et financièrement - l'important dispositif répressif payé par les contribuables.
Nous affirmons également, à l'encontre du récit policier et médiatique, que ce n'est pas la manifestation qui a perturbé la ville et bloqué durablement la circulation vers la gare, mais bien, le dispositif policier mis en place.
On parle ici d'un flic pour deux manifestant.e.x.s, au bas mot. Cette mobilisation démesurée des forces répressives s'inscrit dans le contexte actuel de restriction généralisée du droit de manifester et de stigmatisation croissante du mouvement de solidarité avec le peuple palestinien. Au final, il n'aura échappé à personne que cette démonstration de force absurde et ridicule ne vise qu'à étouffer la contestation, dissuader le peuple d'exprimer sa révolte face au génocide en cours et perpétuer l'image d'un Valais réactionnaire auquel la foule multiculturelle et déterminée qui s'est rassemblée à Sion ce samedi offre un cinglant démenti.
Collectif Valais Palestine