A Gaza, les femmes enceintes et les nouveau-nés en détresse, faute de soins
Par Terriennes Par Liliane Charrier
A Gaza, les conséquences de la crise humanitaires pour les femmes enceintes et les nouveau-nés sont catastrophiques. Selon l'agence des Nations unies chargée de la santé sexuelle et reproductive, la malnutrition, l'effondrement du système de santé et le stress extrême menacent la survie de toute une génération.
A Gaza, les conséquences de la crise humanitaires pour les femmes enceintes et les nouveau-nés sont catastrophiques. Selon l'agence des Nations unies chargée de la santé sexuelle et reproductive, la malnutrition, l'effondrement du système de santé et le stress extrême menacent la survie de toute une génération. Depuis l'attaque du 7 octobre 2023, les conditions sanitaires et humanitaires dans la bande Gaza ne cessent de se dégrader. Touchés par les attaques israéliennes, les hôpitaux ne fonctionnent plus, ou, asphyxiés par la pénurie de matériel, de médicaments et de carburant pour les générateurs, seulement très partiellement. Dans de telles conditions, la mortalité des femmes en couches et les décès néonatals augmentent, tandis que la natalité dégringole.
La malnutrition infantile à Gaza a augmenté en raison de graves pénuries de produits alimentaires Salam, un bébé de 7 mois, est mort de malnutrition la semaine dernière Avant la guerre, la malnutrition était rare à Gaza, rappelle le chef de @UNRWA @UNLazzarini https://t.co/B4g63Vcj37 — ONU Info (@ONUinfo) July 15, 2025
Natalité en baisse, mortalité en hausse Avant la guerre, jusqu'en 2022, Gaza recensait environ 29 000 naissances par an. Aujourd'hui, le nombre des naissances est tombé à 17 000, soit une baisse d'environ 41 % du taux de natalité en seulement trois ans. Parallèlement, les fausses couches ont augmenté de 300 %. Les décès maternels pendant l'accouchement se sont multipliés : 220 mères sont décédées au cours du premier trimestre 2025, soit plus de 20 fois plus qu'à la même période en 2022. Entre janvier et juin 2025, au moins 20 nouveau-nés sont décédés dans les 24 heures suivant leur naissance. Un tiers des bébés sont nés prématurément, présentaient une insuffisance pondérale ou ont dû être admis en soins intensifs néonatals. Chaque mère et chaque enfant a droit à un accouchement sûr et à un bon départ dans la vie. Or nous assistons à un déni systématique de ces droits fondamentaux, qui pousse toute une génération au bord du gouffre. Laila Baker Ces chiffres reflètent la détresse des mères et des nouveau-nés dans un environnement où les soins et infrastructures de santé sont réduits à néant, où la malnutrition, le manque d'eau et d'hygiène, ainsi que la pénurie de produits de première nécessité fragilise encore davantage les plus fragiles. Un quart des femmes enceintes et allaitantes examinés fin juillet 2025 dans les installations de Médecins sans frontières (MSF) dans la bande de Gaza souffrent de malnutrition. " La souffrance des jeunes mères et de leurs bébés à Gaza dépasse l'entendement , constate Laila Baker, directrice régionale pour les États arabes à l'UNFPA. Chaque mère et chaque enfant ont droit à un accouchement sûr et à un bon départ dans la vie. Or nous assistons à un déni systématique de ces droits fondamentaux, qui pousse toute une génération au bord du gouffre ."
Manque de tout Les hôpitaux et autres dispensaires qui restent partiellement fonctionnels – la majorité ayant été endommagés ou détruits – ont de plus en plus de mal à maintenir en vie les jeunes mères et les nouveau-nés. La moitié de l'équipement médical étant endommagé, dont les échographes de surveillance de la santé fœtale ou les incubateurs permettant de maintenir en vie les prématurés et les bébés trop faibles à la naissance, l'accès aux soins néonatals essentiels est réduit de 70 %. Les camions d'aide humanitaire chargés, notamment, d'unités de maternité conteneurisées, de médicaments pour la santé maternelle, d'échographes et d'incubateurs portables sont bloqués aux frontières depuis début mars 2025.
“Les hôpitaux fonctionnent dans leurs toutes dernières heures.” Un journaliste palestinien a partagé une vidéo le 9 juillet, avertissant que les nouveau-nés de l’hôpital al-Helou à Gaza risquent de mourir à cause du manque de carburant. L’ONU a annoncé que 75 000 litres de… pic.twitter.com/pJ6V3M3WHa — TRT Français (@trtfrancais) July 12, 2025
Les trois quarts des médicaments essentiels ne sont plus disponibles. Le manque d'acide folique, de multivitamines et d'autres compléments essentiels à la grossesse augmente le risque de malformations congénitales, d'anémie et d'autres complications liées à la grossesse. Les réactifs de laboratoire et les antibiotiques, les fournitures destinées à prévenir et à contrôler les infections, ainsi que d'autres produits de base sont insuffisants. Font aussi cruellement défaut les produits spécifiques comme les hormones utilisées pour déclencher ou accélérer un accouchement, le plasma sanguin en cas d'hémorragies et les médicaments pour soigner la prééclampsie, tous indispensables pour prévenir les décès maternels et les complications. Enfin, les services d'ambulance réduits au strict minimum, et le manque de moyens de transport et de carburant, empêchent les femmes enceintes d'accéder aux soins prénatals ou de se rendre à l'hôpital pour accoucher, transformant ainsi des complications traitables en décès évitables.
La situation préoccupante des femmes enceintes à Gaza. Un sujet de @chloe_dvg et @arnauldmiguet pour @telematin @francetele pic.twitter.com/BPKKED3QQ0 — France TV Moyen-Orient (@FTVMoyen_Orient) July 19, 2025
Nouveau-nés "fantômes" Au-delà des risques sanitaires, le conflit a laissé beaucoup d’enfants sans identité légale, puisque l’effondrement des principales infrastructures civiles empêche l’enregistrement des naissances. Le bureau onusien des affaires humanitaires, l'OCHA, estime à près de 10 000 le nombre de nouveau-nés qui n’ont pas été inscrits à l'état civil depuis le 7 octobre 2023. Les enfants non enregistrés sont plus vulnérables à l’exploitation et à la traite des êtres humains, car ils échappent de fait à la protection de la loi. OCHA Des nouveau-nés séparés de leur mère à la naissance lors d’évacuations d’hôpitaux vivent désormais avec d'autres personnes, elles-mêmes peut-être blessées, handicapées ou incapables de s’en occuper correctement. Les enfants non enregistrés risquent de grandir sans reconnaissance officielle de leur existence, ce qui aggrave les cycles de marginalisation et d’apatridie dans une société déjà fragilisée, souligne le rapport de l'OCHA : " Les enfants non enregistrés sont plus vulnérables à l’exploitation et à la traite des êtres humains, car ils échappent de fait à la protection de la loi ", souligne l’OCHA. Cette absence de documents officiels limite aussi l’accès de ces enfants aux services de base, tels que la santé, l’éducation et l’aide humanitaire.
Les « bébés fantômes » de Gaza : 10.000 nouveau-nés privés d'une existence légale https://t.co/nPeHpom9Hj — ONU Info (@ONUinfo) July 19, 2025
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