La survie même de cette organisation rétrograde peut interroger, elle mériterait un sujet à part entière. Qu'on ne se trompe pas cependant : ses membres sont tous ou presque des militaires en retraite et l'association est à l'agonie. Ils se sont même tirés dans les pattes entre eux il y a qq années.

Le FN, boulangiste ou fasciste ?
bsky.app/profile/peti...

@andreloez.bsky.social @ludivinebantigny.bsky.social @mathildelarrere.bsky.social @campvolant.bsky.social

Alors que je préparais mon fil, je vois que @ehne.fr vient de publier une autre fiche sur un sujet proche par Anne-Catherine Schmidt-Trimborn. ehne.fr/fr/eduscol/f...

Pardon pour ce fil un peu touffu et pour les éventuels raccourcis historiographiques : le format du fil ne permet pas de restituer plus de 3 décennies de débats.

De là à dire que le FN est un parti fasciste ? Probablement pas, ou pas complètement. Mais il parait tout aussi périlleux d’affirmer que le FN est fasciste que de se priver d’une comparaison qui pourrait pourtant nous être utile à sa compréhension.

C’est surtout la politiste Annie Collovald qui a détricoté le populisme introuvable du FN, forgé par des historiens qui pouvaient difficilement contredire des thèses qu’ils avaient forgé eux-mêmes avant son apparition.

Plusieurs chercheurs l’ont d’ailleurs montré, jusque dans les rangs de l’école Sciences Po. Pierre Milza, par exemple, était bien plus nuancé que ses camarades :
www.persee.fr/doc/xxs_0294...

Ce discours empêche de constater les éléments de continuité qui existent entre le discours de Jean-Marie Le Pen et les différents avatars historiques du nationalisme le plus radical.

Problème, le parti s’est durablement installé dans le champ politique. Émerge alors une rhétorique performative visant à l’expliquer par sa « normalisation », sa « notabilisation » (récupérée par le FN ensuite sous le vocable de « dédiabolisation »).

Cette généalogie est très rassurante, car elle renvoie d’abord à deux « ratés » de l’histoire, Boulanger et Poujade, qui furent des « feux de paille ». Le FN, comme eux, était voué à retomber dans les poubelles de l’histoire.

Ces historiens inventent une nouvelle généalogie au FN, ad hoc et très rassurante : il serait à la fois héritier du boulangisme et du poujadisme, beaucoup plus marginalement des ligues nationalistes et de Vichy, et pas du tout du fascisme historique.

À la place, ceux-ci vont forger la catégorie de « national-populisme », l’idée étant qu’on a affaire à une droite plébéienne, mais en aucun cas fasciste, ce qui valide du même coup la thèse selon laquelle la France, par sa culture républicaine, serait historiquement « immunisée » contre le fascisme.

L’émergence électorale du parti exacerbe ce débat. Au moment de la percée du FN, 2 termes dominent : « poujadisme » et « fascisme ». Si la pertinence du premier a suscité des discussions, le deuxième a été proscrit du champ scientifique par les historiens de l’école Sciences Po.

Par ailleurs, ces historiens sont alors en pleine controverse historiographique (le mot est faible) avec Zeev Sternhell, dont les travaux concluent à l’existence d’un « fascisme français » historique qui préexisterait à tous les autres.

Rémond a développé depuis les années 1950 l’idée qu’existaient en France 3 familles de droite (en gros) : légitimiste, orléaniste, bonapartiste. Problème : le FN ne rentre complètement dans aucune de ces cases.

L’histoire politique est alors dominée par les historiens de l’école Sciences Po : René Rémond, Michel Winock, Serge Berstein notamment.

L’émergence électorale du FN à cette période a suscité une effervescence intellectuelle et politique. Il fallait expliquer la résurgence d’une extrême droite pourtant durablement affaiblie par ses échecs historiques.