Menés et baptisés par l’ex-guitariste des Guess Who et un bassiste imposant à barbe rousse, ces canadiens délivrent un rock franchement pachydermique, fondé sur trois accords, dont les riffs élémentaires viennent s’écraser joyeusement sur la bedaine naissante des adolescents des années 70.

Après des débuts plutôt nerveux, ces canadiens évoluent au tournant des années soixante-dix vers un son plus ample et mélodique, oscillant entre hymnes populaires et ballades soyeuses, tout en conservant la tension électrique d’un rock nord-américain, très organique et guidé par le riff.

Des élans gospelisés de Clyde McPhatter dans les années cinquante aux envolées soul et orchestrales portées par Ben E. King à l’aube de la décennie suivante, les Drifters furent le laboratoire le plus brillant d’harmonies vocales et de tubes mémorables de l’ère pré-Motown.

Ces trois instrumentistes ont porté à son sommet l’intellectualisation d’un metal polyrythmique né quinze ans plus tôt, lui conférant une dimension abstraite, instrumentale et électro-mathématique, quasi symphonique, portée par la guitare à huit cordes et une virtuosité sidérante.

Ce mandoliniste pose les bases du bluegrass dans les années 40 avec son groupe incluant les tout aussi légendaires Flatt & Scruggs : une musique américaine rapide, axée sur la virtuosité des cordes (banjo, mandoline, guitare, fiddle) et les harmonies vocales haut perchées.

La réputation des Doors tient beaucoup au destin tragique de son chanteur et sombre poète ainsi qu’à sa gloire posthume mais cette musique psychédélique est surtout portée par les nappes flottantes et ritournelles d’orgues de son claviériste et par les arpèges et riffs bluesy de son guitariste.

Ce guitariste de studio et arrangeur très prisé dans les années 60 a contribué à quelques succès d’Elvis Presley et des Sinatra père et fille, mais sa carrière solo se limite à des reprises de thèmes populaires des films de l’époque, très bien achalandées mais sans grand relief artistique.

Troubadour à la voix grave et au jeu de guitare sobre, Archie Fisher a discrètement façonné le folk écossais renaissant des années 1960, mêlant ballades traditionnelles et compositions originales où se croisent mélancolie et embruns, sans jamais chercher ni trouver la gloire.

Avant de proposer l’un des hard rock les plus lisses du siècle, ce groupe était l’un des fers de lance de la nouvelle vague de heavy metal britannique à l’aube des années 80 avec des riffs plus accommodants et mélodiques mais suffisamment percutants pour convaincre les amateurs de lourdeur.

Ce groupe emblématique du funk des années 70, fondé par le bassiste Larry Graham après son départ de Sly & the Family Stone, lui permet de s’émanciper du psychédélisme de la décennie précédente tout en imposant la technique du slap, explosive, irrésistible et bientôt incontournable.

Cette artiste influencée par la musique classique et la country a pu écrire quelques unes des plus belles pages du folk baroque avant d’être rattrapée par un passé mouvementé et de mourir d’une overdose à la fin des années soixante-dix, laissant derrière elle deux magnifiques albums.

Souvent placée à la marge de ses concurrentes de l’époque pour son oeuvre moins lisse, plus sulfureuse voire vulgaire, Millie Jackson les surpasse pourtant sur tous les plans, qu’elle chante ou qu’elle parle, qu’elle agresse ou qu’elle caresse, la vraie reine c’est elle.

Parmi les suiveurs des Beatles dans la conquête américaine des années soixante, les Animals d’Eric Burdon apportaient une lecture plus sombre et dramatique du rhythm & blues, d’une authenticité brute mais souvent moins inventive et largement fondée sur des reprises.