Il avait une certaine tête. D’honnête homme, lunettes à fines montures d’or. Chez lui, senteurs de cardamome, d’origan, de poivre vert. Vieux tabac et cigares millésimés.

Avec une étoile en plus, le ciel est plus beau. C’est vrai, j’ai vu.
On peut le remettre comme avant ?

Il fallait voir ça ! À cheval, à pied, avec trompettes et tambours, sans chapeau ni gants. Toute cette joie, qui éclaboussait, des vagues, en avant, en arrière.
Ah oui, il fallait voir ça ! Les bougres s’en mettaient plein la panse. Et de boire aussi !

Tu sais, au fond du champ, la petite grange ? Tu sais, avec une planche clouée sur le tronc du chêne, et qui servait de banc ? La montée raide avant d’arriver, les pommiers sauvages. Tu sais, le petit canif que j’ai perdu dans les herbes hautes ? Tu sais ? Tu te souviens ?

Les laisse pas te bouffer le foie petit, attaque en piqué, vise les yeux.
T’y perdras des plumes, ça repousse.
On n’avait pas le cuir bien tanné, on avait grandi dans la douceur, le marbré au chocolat de mamie est loin.
Personne ne naît pour ça, personne ne sait faire. Le monde te le réclame.

Maudire la lune blanche, le givre blanc sur les herbes blanches. Le sable brûlant qui écorche la peau. Les mouches et les moustiques ne répondent pas, mais ça fait de la compagnie. Ça rend dingue, ça rend fort, ça rend fou. N’y a t’il personne pour l’aider à porter ce rocher ?

Et les toits sur la toile étoilée. Et toi et toi et toi et toi ? Ton corps est braises, les braises sont devenues cendres.
Les flammes, la couronne, crinière.
Et tes yeux. Sol Invictus.

Ce soir j’ai fait des croques avec du pain sans gluten et du jambon végétal. Je vais appeler ça des woke-monsieur