Ironiquement, à la fin de cet extrait, Kylian Mbappé évoque l'école et plébiscite cette fois-ci ce goût de l'effort qu'il faudrait inculquer aux enfants. Pour lui, si dans le sport la vocation reste prioritaire, à l'école tout est d'abord une affaire de travail acharné. La boucle est bouclée !

En bref, cet extrait permet de mettre en évidence 3 dimensions mises en balance dans l'accompagnement parental (et bien au-delà du seul cas du football) : 1) la valorisation de l'effort pour accéder à l'élite, 2) le rôle ambivalent de la vocation, et 3) l’accès à la connaissance du milieu.

La littérature a depuis longtemps montré que tout en venant rarement des classes supérieures, les parents de footballeurs sont néanmoins souvent dotés de nombreuses ressources en lien avec le milieu, voire souvent eux-mêmes sportifs ("Mon père était un dingue de foot").

3) Enfin, tout en soulignant l'importance de vocation, Mbappé évoque l'autre condition sine qua none d'une grande carrière : "tu veux réussir, ah, alors faut faire ça, ça, ça". La connaissance de ses parents des règles du métier a ainsi joué un rôle primordial dans la réussite de son projet.

On voit ainsi qu'ayant incorporé cette vocation, les enfants sont enclins à accepter des conditions de travail éprouvantes et à en demander davantage. Comme cet enfant l'exprime dans un reportage diffusé sur France 2 :

Là où Mbappé a raison, c'est que l’engagement vocationnel joue un rôle considérable dans la poursuite du projet professionnel des enfants.
Julien Bertrand montre comment le sentiment d'être "fait pour ça" est précisément ce qui permet de maintenir ce projet, malgré les faibles chances de réussite.

Des sociologues ont montré que la vocation, bien qu'elle soit perçue comme intime et personnelle est le fruit d'une construction collective et surtout familiale (voir Céline Bessière sur la vocation de viticulteur). Ce "moi" et ce "je" utilisé à répétition par Mbappé est en fait un "on" incorporé.

On comprend dans la bouche du footballeur que la question de la discipline vient en quelques sortes après la conviction intime que l'on est fait pour ce métier ("C'est moi qui l'ai choisi"). On retrouve là ce que la sociologie décrit comme un engagement vocationnel.

2) Mbappé reproche à cette génération de "parents-coachs" leur démarche ("mon père m'a jamais mis la pression, jamais fait faire des tours de terrain à 6h du matin avec un chrono"). Il insiste sur le fait que le souhait de carrière doit venir de l'enfant lui-même ("Qu'est-ce que tu veux faire ?").

Ce "goût de l'effort" correspond aux dispositions ascétiques des classes moyennes et de certaines classes populaires face aux institutions scolaires. En plus de compétences physiques, l'objectif est d'inculquer aux enfants une discipline, un ethos compatible avec les institutions sportives d'élite.

1) Déjà, quel est ce "Projet Mbappé" auquel répond le joueur français ?
Cet article du @lemonde.fr fait le point sur ces parents (souvent des pères) qui valorisent la contrainte et le dur labeur comme clé d'accès aux centres de formation et à l'élite sportive.

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