Les chambres d’hôtel possèdent l’étrange pouvoir des lieux sans âme. Alors quand vient la nuit on y ressent comme un vertige, un vide et l’on se souvient alors des belles choses comme pour tenter d’exorciser ce que l’on a laissé et mieux accueillir la solitude.

Et si il suffisait de fermer les yeux pour que tout recommence ? Pour que Novembre ne soit plus le linceul humide et glacé de nos souvenirs ?

Le chemin s’évanouissait dans la garrigue. Après il n’y avait plus rien sinon se perdre dans une rêverie parfumée. Solitaire, le petit olivier était le dernier à pleurer les ombres du domaine abandonné où flottait encore une frêle odeur de raisin cueilli, le parfum de l’Automne.

Une glace sans tain. Voilà ce que la petite fille semblait observer. Et son regard, par delà cette banale flaque d’eau, parvenait à lever un coin du voile en contemplant, fascinée, le monde que seul les enfants peuvent atteindre, celui des rêves et de la beauté cachée du monde.

Je les ai longtemps suivis sur ce boulevard désert, dans un Paris nocturne, presque invisible, écrasé de chaleur. Peut être m’a t’il fallu une preuve que tout cela avait bien existé et que ce n’était pas ma jeunesse qui disparaissait dans la lumière jaunâtre de la bouche de métro.