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Santé mentale : faut-il dérembourser les soins inspirés de la psychanalyse ?
Santé mentale : faut-il dérembourser les soins inspirés de la psychanalyse ? nfoiry dim 30/11/2025 - 07:00 En savoir plus sur Santé mentale : faut-il dérembourser les soins inspirés de la psychanalyse ? Faut-il mettre fin au remboursement des soins dédiés à la santé mentale qui s’inspirent des pratiques psychanalytiques ? C’est le sens d’un amendement déposé par la sénatrice Jocelyne Guidez (UDI), en novembre. De quoi relancer un débat houleux sur cette pratique et la possibilité d’en prouver l’efficacité. [CTA2] Un petit séisme dans le monde de la santé mentale. Un amendement déposé au Sénat le 21 novembre a proposé, avant d’être retiré, qu’à compter du 1 janvier 2026, « les soins, actes et prestations se réclamant de la psychanalyse ou reposant sur des fondements théoriques psychanalytiques ne donnent plus lieu à remboursement ». Affirmant que ces soins ne reposent sur « aucune validation scientifique », l’amendement de la sénatrice Jocelyne Guidez (UDI) entendait mettre fin au remboursement par la Sécurité sociale de ces pratiques.    Des remboursements à géométrie variable Si les visites chez les psychiatres, seuls habilités à prescrire des médicaments, sont aujourd’hui remboursées par la Sécurité sociale, ce n’est pas généralement pas le cas des soins délivrés par des psychologues ou des psychothérapeutes. « Généralement », car il existe au moins deux cas de figure où ces soins peuvent être remboursés. D’une part, dans le cadre du dispositif « Mon Soutien Psy » initié en 2022 – il est possible de voir défrayées jusqu’à douze séances de soutien psychologique par an. D’autre part, dans certains centres de soin spécialisés, comme les Centres médico-psycho-pédagogiques (CMPP). Dans ces deux cas de figure, des psychologues ayant été formés par la psychanalyse durant leur cursus universitaire ont bien le droit d’exercer. Il ne s’agit alors pas d’une « analyse » au sens classique du terme (où l’on « s’allonge sur le divan » pour raconter sa vie, comme le présente un imaginaire quelque peu caricatural), mais un panel de pratiques inspirées de ce courant thérapeutique fondé par Freud au début du XXe siècle. C’est sur ce point que portait l’amendement.   Une mise en œuvre complexe Pendant longtemps, les professionnels du soin ont été formés, dans des départements d’universités françaises, à la théorie psychanalytique. Mais comme l’explique Stéphane Thibierge, ex-professeur de psychologie à l’Université Paris Cité et psychanalyste, que nous avons joint par téléphone, les choses ont changé à partir des années 2000 : « Des sous-disciplines de la psychologie, comme les théories cognitivistes et comportementalistes (TCC), ont commencé à livrer une guerre contre les départements de psychanalyse qui étaient préférés par une très grande majorité d’étudiants. » Résultat, le champ de la formation et de la pratique thérapeutique s’est divisé : les universités ont « basculé » dans de nouvelles approches, alors que les praticiens, eux, soignent toujours dans un cadre théorique psychanalytique.  Faut-il enlever les titres de psychiatres et de psychologues à des professionnels dont la formation relève de près ou de loin à la psychanalyse ? Encore faudrait-il pouvoir démontrer que leurs pratiques relèvent bien de cette discipline, et non d’autres approches thérapeutiques… L’exemple des CMPP accueillant des enfants de 0 à 20 ans qui présentent des troubles d’apprentissage, moteur ou du comportement est éloquent. Contacté par nos soins, le chercheur en sciences cognitives à l’École normale supérieure Franck Ramus avance que dans « beaucoup de ces centres, c’est psychanalyse ou rien, même si les familles n’en veulent pas ». Elsa Godart, philosophe et psychanalyste, nous confie par ailleurs qu’on y trouve « des praticiens de professions et de corpus théorique différents, qui travaillent les uns avec les autres », ce qui permet une complémentarité de l’offre thérapeutique. Distinguer les pratiques concrètes de professionnels formés à des corpus différents n’est pas chose aisée. C’est en raison de cette première difficulté que l’amendement a reçu un avis défavorable de la part de la ministre de la Santé, Stéphanie Rist, avant d’être retiré le 23 novembre. La sénatrice à son origine, Jocelyne Guidez, s’en est émue aux larmes. Racontant l’errance médicale de la fille de sa sœur, atteinte du syndrome de Rett, elle a affirmé que son « combat continuera ».  Certaines associations ont aussi soutenu l’amendement, critiquant la manière dont des approches psychanalytiques pouvaient retarder « l’établissement de diagnostics qui permettent réellement d’avancer », comme nous l’indique Nathalie Groh, présidente de la Fédération française des DYS (troubles spécifiques du langage et des apprentissages). Fustigeant notamment les « lectures de poésie, thérapies de groupe, les psychodrames », des parents d’enfants en difficulté lui ont fait part de leur détresse face au manque d’efficacité supposée des pratiques psychanalytiques.   Deux approches concurrentes  Depuis, le débat s’est cristallisé autour d’un combat d’idées entre deux disciplines aux présupposés et aux méthodes divergentes. D’un côté, la psychologie d’inspiration psychanalytique ; de l’autre, les thérapies cognitives et comportementales (TCC), présentées comme plus pragmatiques et parcimonieuses.  Ces dernières sont issues des travaux du psychiatre américain Aaron T. Beck, datant d’une cinquantaine d’années… et qui ne sortent pas de nulle part. Beck avait lui-même été formé par la psychanalyse, avant de la rejeter et de développer sa propre approche.  Les TCC établissent que « certains troubles mentaux, des émotions, croyances et représentations peuvent être dysfonctionnels », nous explique Franck Ramus. Proposant des exercices pratiques, « ces théories mobilisent une approche très pragmatique pour essayer d’aider le patient à aller mieux ». Par exemple, « dans la dépression, on essaye de corriger des représentations erronées, excessivement négatives ». Un dépressif sera ainsi encouragé à développer des pensées positives ou à apprendre à mieux gérer ses émotions.  “Pour Aaron T. Beck, pionnier des TCC, ce n’est pas tant le trouble à l’origine du symptôme qui pose un problème mais le symptôme lui-même, qu’il suffit de corriger” Le présupposé philosophique des TCC tient dans une approche volontariste : capables de prendre connaissance activement de leurs troubles, les patients peuvent lutter contre eux avec différentes stratégies. Dans l’ouvrage Cognitive Therapy of Depression (The Guilford Press, 1979 ; inédit en français) dont Aaron T. Beck est co-auteur, il est écrit, que « les origines philosophiques de la thérapie cognitive remontent aux philosophes stoïciens ». Beck cite le Manuel d’Épictète, ce philosophe des Ier et IIe siècles de notre ère : « Ce ne sont pas les choses qui dérangent les hommes, mais l'opinion qu'ils s'en font. » Autrement dit, ce n’est pas tant le trouble à l’origine du symptôme qui pose un problème mais le symptôme lui-même, qu’il suffit de corriger.    Une question d’efficacité ? Des thérapies dont l’efficacité est reconnue par différents rapports, notamment celui de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), publié en 2004. Comparant notamment l’efficacité des TCC et des thérapies psychanalytiques à travers une analyse de centaines d’études parues dans le monde, la synthèse de l’étude, du reste prudente, conclut globalement à une « meilleure efficacité de la TCC » par rapport aux thérapies d’inspiration psychanalytiques. C’est sur cette base que se fonde l’amendement : l’efficacité des pratiques d’inspiration psychanalytiques n’ayant pas été prouvée, il faudrait ne plus les rembourser. Un article de 2020 rapporte cependant que « le nombre d’études évaluant les TCC (thérapies cognitives et comportementales) était très supérieur à celui portant sur les TP (thérapies psychanalytiques) » et entend équilibrer ce rapport en analysant les études parues ensuite, qui, elles, soulignent que « pour les troubles mentaux les plus fréquents, un traitement qui engage la parole est indiscutablement efficace ». Match nul ? “Certains disent que la psychanalyse n’est pas évaluable. D’autres (parfois les mêmes !) qu’elle a prouvé son efficacité. On ne peut pas gagner sur les deux tableaux !”Franck Ramus Pour Franck Ramus, le problème de ces études analysées, c’est qu’elles « portent sur des thérapies psychodynamiques, un courant moderne inspiré de la psychanalyse » mélangeant concepts psychanalytiques et pratiques TCC. « Le problème, c’est que ce n’est pas la psychanalyse telle qu’on l’entend en France. »    Misère de l’évaluation S’il y a une pratique psychanalytique spécifiquement française, celle-ci n’aurait pas, ou très peu, été évaluée. La faute à une certaine résistance à l’évaluation : « certains disent que la psychanalyse n’est pas évaluable. D’autres (parfois les mêmes !) qu’elle a prouvé son efficacité. On ne peut pas gagner sur les deux tableaux ! » Ce qui ne serait pas impossible : « Pour évaluer l’efficacité, il suffit d’évaluer l’état des patients avant et après un traitement. » Mais est-ce si simple ? Le rapport de l’Inserm de 2004 interroge précisément le caractère évaluable de la psychanalyse, une pratique s’étalant dans le temps long. Mais plus profondément, il demande « s’il est licite de recourir à des mesures chiffrées pour décrire l’amélioration d’un patient lors d’une prise en charge psychothérapique ».  Le docteur et psychothérapeute Farhad Dalal critique lui aussi dans son ouvrage CBT: The Cognitive Behavioural Tsunami (Routledge, 2019 ; non traduit) le caractère évaluable des thérapies : « Il semble que la réponse “je me sens très, très dépressif” est subjective et non scientifique ; mais si la même expérience subjective est signalée par le chiffre “4”, il devient soudainement objectif. » Ce que montre Dalal, c’est que ce processus d’évaluation transforme l’expérience subjective en une donnée chiffrée qui lui est étrangère. C’est cette transformation qui fonde pourtant la scientificité – et jauge l’efficacité ou non – d’une thérapie.    “Le succès des TCC, une victoire politique déguisée en victoire scientifique ” ? Si le résultat d’une évaluation est bien objectif (des chiffres mesurables), le saut consistant pour le patient à s’auto-évaluer, lui, ne l’est pas. C’est toute la différence, entre, par exemple, l’évaluation de la diminution d’une tumeur à la suite d’une chimiothérapie (observable et quantifiable) et celle d’une douleur psychique liée à une dépression ayant été traitée par des thérapies d’inspiration psychanalytique ou non (et qui ne sont que « subjectivement » objectifiables).  Justifiant l’inefficacité de la parole dans le soin, et donc favorisant des politiques publiques visant à en diminuer le financement, « le succès des TCC est une victoire politique déguisée en victoire scientifique », selon Farhad Dalal. Ce point illustre surtout l’étendue d’une « hyper-rationalité », consistant à plaquer les critères des sciences de la nature sur tout ce qui bouge : « Pas seulement le monde, pas seulement le fonctionnement des organisations, mais aussi notre personne propre. »   Karl Popper contre la psychanalyse En sous-texte du débat sur l’efficacité thérapeutique de ces différentes approches se tient la question de leur scientificité. « Lorsque la psychanalyse prétend expliquer des troubles mentaux, elle est sur le terrain de la science, et lorsqu’elle prétend les soigner, elle est sur le terrain de la médecine. Il est donc normal qu’on lui demande de prouver ce qu’elle affirme » souligne Franck Ramus.  C’est le philosophe Karl Popper qui avait montré le caractère non scientifique de la psychanalyse. Pour être scientifique, une théorie doit être réfutable : cela ne veut pas dire qu’elle est fausse, mais qu’elle pourrait le devenir si une nouvelle théorie venait lui faire concurrence. C’est pourquoi le caractère scientifique s’établit également par des méthodes expérimentales, permettant de comparer différentes théories.  Pour Popper, la psychanalyse se soustrait à la scientificité : « Elle peut toujours expliquer les objections en montrant qu’elles proviennent du refoulement de la personne qui critique » (La Société ouverte et ses ennemis). Toute critique de la psychanalyse… serait ainsi le résultat d’un manque de clairvoyance psychanalytique de ses détracteurs.  Mais depuis l’époque de Freud, qui essayait d’instituer la discipline en tant que science, de l’eau a coulé sous les ponts. Pour Stéphane Thibierge, « la psychanalyse n’est pas une science, sans pour autant être tout à fait non scientifique : elle est simplement consciente du fait que vous ne pouvez pas créer une science du sujet dans la mesure où le sujet n'est pas 100 % prévisible et adaptable ».  En résumé, les fondements théoriques de ces deux courants thérapeutiques sont tellement éloignés, qu’il est très difficile de les comparer sans donner droit aux partis pris théoriques de l’un ou de l’autre – et ainsi leur donner un avantage comparatif certain.    La parole du sujet Plutôt qu’une objectivation chiffrée ou un diagnostic systématiquement arrêté, les approches psychanalytiques se concentrent plutôt sur la richesse de la parole du patient. Stéphane Thibierge rappelle ainsi que la psychanalyse prend en compte le fait que l’humain « est traversé par le langage : cela signifie que nous n’avons pas de rapport direct à notre objet de satisfaction ». Du côté des TCC, Franck Ramus précise que « les psychanalystes n'ont pas le monopole de la parole : tous les thérapeutes, évidemment, accueillent la parole de leurs patients ». « Le premier à avoir fait le lien entre parole thérapeutique et bien-être, c’est tout de même Freud », ajoute Elsa Godart. Tout l’enjeu, lors d’une thérapie, est de ne pas couper court à la parole pour en comprendre la complexité. Pour traiter une arachnophobie par exemple, les TCC préconisent de se familiariser progressivement avec la présence des araignées, tandis que la psychanalyse va s’interroger sur « le bénéfice secondaire du symptôme » : par exemple, le fait que souffrir d’une phobie, cela permet de retenir l’attention autour de soi. “La psychanalyse, comme la médecine d’ailleurs, reste une science humaine : en éthique, on aime à dire qu’on ne soigne jamais qu’une jambe, mais une personne dans sa globalité”Elsa Godart Cette complexité de la parole du sujet implique qu’on « ne peut pas appliquer des critères strictement mécanistes relevant d'une raison instrumentale à des subjectivités ». Critiquant la réduction de la santé mentale à la correction de comportements ciblés, Elsa Godart soutient que « la psychanalyse, comme la médecine d’ailleurs, reste une science humaine : en éthique, on aime à dire qu’on ne soigne jamais qu’une jambe, mais une personne dans sa globalité ».    L’impensé économique ? Cette incompatibilité théorique entre les deux approches explique la crispation du débat ces derniers jours. Du côté de la psychanalyse, Elsa Godart avertit que « restreindre le champ de la prise en soins psychologiques dans une société, c'est ouvrir implicitement la porte du devenir d’un soin réalisé par des « bots » numériques programmés sur le modèle des TCC ». Derrière le débat d’idées se tient en effet une question économique cruciale : à l’heure des coupes budgétaires et de la précarisation financière de nombre de citoyens, comment assurer de manière optimale la prise en charge de la santé mentale ? Dans son livre à paraître en janvier 2026, Troubles du neuro-développement. Le chemin de notre apprentissage, la sénatrice Jocelyne Guidez, à l’origine de l’amendement polémique, fait plusieurs fois référence à des manquements, notamment de l’ordre du financement, dans la prise en charge de personnes aux divers troubles psychiques. Et il semble difficile de la contredire sur cette question. Par exemple, elle pointe « la durée d’attente [qui] s’élève parfois à deux ans » et qui retarde, par exemple, les diagnostics du TDAH. Un rapport de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) daté de mars 2025 précise d’ailleurs que le temps d’attente moyen pour obtenir une première consultation dans les CMPP est de six mois, le double d’il y a dix ans. Mais la sénatrice fustige aussi, pêle-mêle, « la psychanalyse, les croyances, les idées reçues, qui privent les patients de vraies solutions ou retardent leur prise en charge ». Nul doute que la psychanalyse se doive d’être capable d’entendre et d’intégrer des critiques, dans ce contexte économique morose.  Pour autant, la croisade contre les thérapies d’inspiration psychanalytique sert peut-être avant tout de cache-sexe au sous-financement de la santé mentale, pourtant érigée en « Grande Cause nationale 2025 » par Emmanuel Macron.  novembre 2025
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November 30, 2025 at 7:15 AM
Et s'il fallait plonger dans la théorie politique de la modernité pour comprendre les bouleversements démocratiques en cours ?

C'est le pari que propose le philosophe Luc Foisneau dans son dernier livre Manières de gouverner, publié chez @cnrseditions.bsky.social

Bonne lecture !
Le philosophe Luc Foisneau vient de publier "Manières de gouverner. Politiques modernes de la souveraineté". Nous l'avons interrogé sur l'apparition d'une notion qui a aujourd’hui colonisé le langage du pouvoir politique et économique : "l’efficacité". www.philonomist.com/fr/entretien...
“Le discours de l’efficacité favorise un usage décomplexé de l’autorité”
Entretien avec le philosophe Luc Foisneau - Spécialiste de philosophie politique, Luc Foisneau vient de publier Manières d...
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October 20, 2025 at 12:14 PM
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Héritons-nous des blessures de nos parents ? À cette question vertigineuse, l’écrivain belge Antoine Wauters, figure montante de la littérature contemporaine, répond avec “Haute-Folie”, un récit ciselé sur trois générations de personnages vivant en milieu rural au siècle dernier.
“Haute-Folie”, d’Antoine Wauters : retour à la terre brûlée | Philosophie magazine
Tout commence par un terrible brasier. Gaspard perd presque tout : sa ferme nommée « Haute-Folie », ses bêtes, ses moyens de subsistance. Ensuite, tout s’enchaîne. Cherchant à réparer son exploitation, Gaspard erre dans la lente campagne wallonne du siècle dernier, à la recherche d’un nouveau travail. Ne sachant pas dire non, il se fait escroquer, jusqu’à craquer, transmettant à sa lignée tout son malheur accumulé. Son fils Joseph, puis son petit-fils Gaspard héritent d’un lieu métaphorique, la « Haute-Folie », cette part vivante des tragédies familiales que nous portons en nous. « Je crois que certains êtres ne nous quittent pas, même quand ils meurent. […] Ils n’existent plus, or ils rôdent, parlant à travers nous, riant, rêvant nos rêves. » L’auteur belge révélé en France pour son ouvrage Nos mères (2014), est également l’auteur du lumineux Mahmoud ou la montée des eaux (2021, prix du Livre Inter), où nous suivions en apnée les plongeons dans le lac el-Assad d’un vieux Syrien cherchant à échapper à la guerre. Dans ce nouveau roman, il est toujours question de l’impossibilité de la fuite. Occultée par ses parents d’adoption, la vie du père de Joseph continue de le hanter malgré lui : « J’ai des images noires qui me tordent la pensée et je dois, pour les fuir, me lever, me raser en pleine nuit et marcher aussi loin que possible. » Refusant la lâcheté qui consiste à « faire ce que les autres attendent de nous et nous en tenir à ça », il quitte sa vie paysanne pour devenir instituteur. S’essaye à la lecture des Pères du désert. Marche droit devant sans se retourner. Mais cette fuite ne lui suffit pas. Il faut plus.Et plus, c’est peut-être moins loin. Et moins loin, c’est peut-être de manière plus profonde. Car le courage consiste non pas à fuir mais à plonger « dans le dur de soi » : ces drames, non-dits, amours dérobés, tout ce petit monde du silence qui tapisse nos mouvements et cadenasse nos paroles. Alors « on descend dans ce qui nous remue en profondeur. On brûle. On fond. On hurle ».Mais la profondeur ne peut pas tout, il reste à la mettre en forme. Car si nous sommes hantés par des drames passés, c’est précisément parce qu’ils sont tus. Biberonné au silence depuis son enfance, Joseph se répète en boucle la phrase du philosophe Ludwig Wittgenstein : « Ce dont on ne peut parler, il faut le taire. » Après l’échec de la fuite et la découverte de son noyau interne, Joseph se condamne au mutisme.Mais à l’indicible, nul n’est tenu, nous souffle brillamment Wauters. Non pas qu’il faudrait plonger dans le flot de mots de « cette grande muqueuse qu’est devenue la communication » torpillée en 2008 dans son recueil Debout sur la langue. Au contraire, il faut faire « place à la parole d’en bas, vide et pleine à la fois, à taire comme à porter ». D’abord se taire, faire le vide, plonger. Reprendre son souffle. Et puis seulement dire ce que l’on est obligé de dire. Pour ne pas se noyer. Pour ne plus jamais devoir écrire un laconique « je n’y suis pas arrivé, pardon » sur un papier accroché à la corde à laquelle on se pend ou placé dans la corbeille abandonnée d’un nouveau-né. Bien sûr, le langage trahira forcément ce que Joseph veut dire, ce qu’il a vécu, mais il n’a plus le choix. Dans un autre de ses livres, Le Plus Court Chemin (2023), Wauters décrit en ces termes son eldorado littéraire : « Je cherche ce que je ne peux nommer mais que je dois nommer. » Avec Haute-Folie, roman ciselé d’une densité littéraire affolante, on peut dire qu’il l’a trouvé.
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September 5, 2025 at 5:00 AM
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"Être à l’heure, c’est déjà être en retard", dit-on en Suisse… Alexandre Jadin s’interroge sur la notion de ponctualité dans notre cinquième carte postale de l'été. bit.ly/4fxIM8u
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August 13, 2025 at 11:00 AM
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Faut-il être seul pour créer ? Dans l’antre de Wittgenstein en Norvège bit.ly/3UljH72
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August 9, 2025 at 7:15 PM
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Le temps est bon, le ciel est bleu, et Djamila y voit un obstacle à l'exécution de ses tâches. Mais pourquoi ? Alexandre Jadin analyse la manière dont le beau temps modifie notre perception de l'espace et du temps. bit.ly/3I6b3X7
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“Plug, baby, plug” : pas si simple !
Anatomie d’un tour de passe-passe rhétorique - « Plug, baby, plug », s’est exclamé Emmanuel Macron en réponse au « dr...
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February 20, 2025 at 7:00 AM
Reposted by Alexandre Jadin
Un chauffeur de bus scolaire a été licencié pour avoir déposé des écoliers devant chez eux : donc, pour avoir trop bien fait son travail. Analyse.
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Licencié pour avoir trop bien fait son travail
Le travail vivant contre les process - Chère lectrice, cher lecteur, Imaginez que vous êtes conducteur de bus et que...
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February 5, 2025 at 6:06 PM
Pour @Philonomist, j'ai enquêté sur le métier d'hospitality manager en entreprise.

Il s'agit d'hôteliers et d'hôtelières postés dans les entreprises pour faire bouger les lignes de l'open space, fluidifier et transformer l'expérience de travail

Au risque de transformer le salarié en client ?
Hospitality management : au service des salariés
Grand Open Space Hotel - De plus en plus de grandes entreprises font appel à des hospitality managers. C...
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January 23, 2025 at 11:17 AM
Pour Philonomist, j'ai interviewé l'économiste Sébastien Jean ⬇️

Déficits commerciaux, régulation européenne, #industrie automobile, enjeu défensif lié à l'#Ukraine : quels sont les leviers actionnables par l'administration #Trump2 pour engager un nouveau rapport de force ?
“Pour nous Européens, le retour de Trump arrive au pire moment”
Entretien avec l’économiste Sébastien Jean - Qu’attendre de la politique économique internationale de Donald Trump ? La F...
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January 20, 2025 at 9:39 AM